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dus, a plupart employés aux services et étapes de Metz et autorisés par le Chancelier à faire un séjour dans la capitale.

On ne peut douter, disait le lieutenant général de police, que L’agiotage et l’usure ne soient leur principale occupation puisque s’est (si l’on ose s’exprimer ainsi) toute leur étude et qu’ils se font une espèce de religion de tromper autant qu’ils le peuvent tous les chrétiens avec lesquels ils traitent.

Il est question de loin en loin dans la correspondance des intendants de quelques Juifs isolés, à Rouen notamment, à la date de 1693, d’un nommé Mendez, qui possédait une fortune de 500,000 à 600,000 livres et dont l’expulsion aurait été fâcheuse pour le commerce de la province. Everard Jabach, né à Cologne, banquier et grand collectionneur, de tableaux, parait bien avoir été Juif. On peut, je crois : regarder comme Juif le comédien Montfleury, dont le vrai nom était Zacharie Jacob. C’est lui qui, pour se venger de railleries inoffensives de Molière qui, dans l’Impromptu de Versailles, lui avait reproché « d’être gros et gras comme quatre, » adressa au mois de décembre 1663 une requête à Louis XIV, dans laquelle il accusait le grand comique d’avoir épousé sa propre fille.

Samuel Bernard était-il Juif ? Voltaire affirme que oui. Nous lisons dans une lettre adressée à Helvetius : « J’aimerais mieux que le Parlement me fit justice de la banqueroute du fils de Samuel Bernard, Juif, fils de Juif, mort surintendant de la maison de la reine, maître des requêtes, riche de neuf millions et banqueroutier. »

Mais cette question d’argent, qui avait toujours tant d’importance pour Voltaire, a pu lui inspirer cette épithète de Juif. En 1738, dans son discours sur l’Inégalité des conditions, il consacra à Samuel Bernard, le père, deux vers que