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servile des chrétiens. Par une contradiction très fréquente et plus logique qu’on ne croit, le Protecteur demandait les secrets du ciel à cet homme, qu’il employait aux plus basses négociations de la terre[1].

Sort bizarre ! épier les hommes et les astres !
Astrologue là-haut, ici-bas espion !

Par un changement soudain, Manassé qui entre en scène en déposant un sac d’argent aux pieds de Cromwell, redevient brusquement de subtil entremetteur d’affaires apportant sa part de prise à l’homme au pouvoir, un Kabbaliste, un alchimiste, et quand le Protecteur lui dit : serais je roi ? il répond avec une certaine sincérité :

… Dans sa marche elliptique
Ton asire ne fait pas le triangle mystique
Avec l’étoile Zod et l’étoile Nadir.

Puis la haine du chrétien, la soif du sang du goy reprend le Juif en apercevant Rochester endormi, comme nous le dit le poète, il tente celui avec lequel il parle. Ce pouvoir

  1. Manassé était très préoccupé de la question des dix tribus dont nous avons parlé au livre 1er. « Un souci constant, disent les Archives israélites, préoccupait Manassé : qu’étaient devenues les dix tribus emmenées par Salmanazar, et dont on n’avait plus entendu parler ? Avaient elles été anéanties ? La restauration du royaume de Judée était impossible sans ces dix tribus, et même la confirmation des promesses prophétiques devenait douteuse. La réunion de Juda et d’Israël que les Prophètes avaient affirmée ne s’accomplirait qu’avec la participation de ces tribus. Manassé y réfléchissait sans cesse et se livrait à toutes les suppositions imaginables pour les retrouver quelque part. C’est, alors qu’un hasard, qu’il considéra comme une révélation d’en haut, le mit en contact avec Montesino qui lui affirma que les restes des dix tribus se trouvaient dans l’Amérique du Sud. C’est alors aussi que, ne doutant pas de la vérité de ce récit, il écrivit son Espérance d’Israël.