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DE 1394 A 1789


Que devient le Juif de 1394 à 1789 ? On ne sait trop. Il s’est évanoui, il s’est rasé, comme le lièvre poursuivi, il a changé son plan d’action, modifié ses ruses, éteint beaucoup son ardeur. Il semble alors tout plongé dans la Kabbale[1], absorbé dans la lecture du Zohar ou du Sepher Zetzirah. Il est alchimiste, il tire des horoscopes, il interroge les astres et il peut, en parlant du Grand Œuvre, avoir accès partout. Sur ce sujet il est inépuisable, il sait en effet et les frères errants avec lesquels il s’abouche dans chaque ville savent aussi ce que ce mot de Grand Œuvre cache sous son mystérieux symbolisme. Faire de l’or, régner par le banquier sur ce monde qui ne croit qu’au prêtre et au soldat, à la pauvreté et à l’héroïsme, la politique juive est toujours là. Mais ce projet, sur la réussite duquel on consulte sans cesse les nombres, semble bien chimérique ou plutôt bien lointain. Ce qu’il faut renverser avant de rien entreprendre, c’est la vieille hiérarchie, l’Église, le Moine, le Pape.

Sur quel point agir ? A la France il ne faut pas penser. L’Espagne, que les Juifs ont livrée aux Maures, reconquiert pied à pied le sol de la Patrie et c’est par l’expulsion définitive des Juifs qu’elle se préparera aux grandes destinées qui l’attendent sous Charles-Quint et Philippe II. L’Allemagne

  1. Kabbale vient du verbe Kibbel, qui veut dire en hébreu recevoir par tradition orale.