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Tant qu’ils avaient pu acheter directement leurs terres aux nobles qui partaient pour les Lieux Saints, les Juifs agirent eux-mêmes, mais quand la royauté eut commencé à mettre ordre à leurs trafics usuraires, ils furent contraints de se servir des Templiers comme prête-nom. De là la richesse plus apparente que réelle de l’ordre.

Comment les chevaliers du Christ, les héros de Ptolémaïs et de Tibériade en arrivèrent-ils à outrager le crucifix ? M. Mignard s’est efforcé d’expliquer cette progressive décomposition morale de l’ordre dans un très savant travail consacré à la description d’un curieux coffret appartenant au duc de Blacas[1]. Ce coffret, trouvé dans une maison du Temple à Essarois et tout chargé de signes cabalistiques et d’inscriptions arabes, reproduisait les principaux symboles des Gnostiques, les sept signes, l’étoile aux sept rayons. Les doctrines nées dans l’École juive de Syrie, répandues plus tard par Manès, avaient pénétré dans l’ordre du Temple et le Manichéisme vaincu avec les Albigeois avait, trouvé un asile chez ces serviteurs d’abord si dévoués de la foi chrétienne.

Ce qui est certain, ce qui est constaté par tous les témoignages, ce qui ressort à chaque ligne des pièces du procès publiées par Michelet, dans les Documents inédits de l’his-

  1. Monographie du coffret de M. le duc de Blacas. — Suite de la Monographie du coffret ou preuves du manichéisme de l’ordre du Temple.
        Regghelini de Chia, zélé Maçon, très hostile à l’Église, explique assez bien également comment ces âmes candides de chevaliers croisés subirent l’influence de l’orient et se laissèrent prendre à l’exégèse captieuse, aux arguments perfides des ennemis du Christ. La maçonnerie considérée comme le résultat des religions égyptienne, juive et chrétienne