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introduction

Si l’ancienne société put vivre tranquille et heureuse sans connaître les guerres sociales, les insurrections, les grèves, ce fut parce qu’elle reposait sur ce principe : « Pas de bénéfice sans travail. » Les nobles devaient combattre pour ceux qui travaillaient ; tout membre d’une corporation était tenu de travailler lui-même et il lui était interdit d’exploiter, grâce à un capital quelconque, d’autres créatures humaines, de percevoir sur le labeur du compagnon et de l’apprenti aucun gain illicite.

C’est une des prétentions sottes de notre temps que de croire qu’il a inventé l’économie politique. Ceux qui s’occupaient alors de ces questions n’étaient point sans doute, comme aujourd’hui, des membres de l’Institut, Malthusiens hypocrites et lubriques, des orateurs de réunions publiques irrités du spectacle de la misère et préoccupés de s’attirer les applaudissements de la foule en flattant ses passions. C’étaient les saints eux-mêmes qui cherchaient à mettre l’harmonie sur la terre, des rois comme saint Louis, discutant au Palais, avec Étienne Boileau, l’organisation du travail, des moines comme saint Thomas d’Aquin s’efforçant de définir le caractère du crédit. Ce crédit, saint Thomas d’Aquin le voulait chrétien et non judaïque, il entendait qu’il fût une aide donnée par un frère à son frère et non une exploitation, un