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131 il faut ajouter que les Juifs, toujours au courant de ce qui se passe, non seulement dans le monde des faits, mais dans le monde des idées, sont très vivement préoccupés du mouvement anti-sémitique qui se dessine dans toute l’Europe. On ne saurait croire la fureur dans laquelle les a plongés la création à Paris d’un petit journal très vaillant, très moderne, très au fait des tripotages financiers, l’Anti-Sémitique qui reparaît toujours lorsqu’on le croit disparu.

Bref, les Juifs ont le sentiment confus de ce qui les attend. De 1870 à 1879, ils ont traversé une période d’orgueil délirant. « Quel bonheur d’être nés à une pareille époque ! s’écriait jadis le Juif Wolff, dans le National-Zeitung : « es ist eine lust zu leben ! » Alors que sur les bords de la Sprée les Lasker, les Bleichroeder, les Hanseman dépouillaient de leurs milliards les Prussiens grisés par les lauriers. Quel bonheur ! leur répondaient de France la bande de cosmopolites, en voyant que les places, l’argent, les hôtels, les attelages princiers, les chasses, les loges à l’Opéra, tout était à eux et que le bon peuple se contentait d’un discours bien senti sur les nouvelles couches.

Aujourd’hui, ils ont un peu baissé le ton et ils sentent que quelque chose se concerte entre les chrétiens de tous les pays qui pourrait être plus fort que l’Alliance Israélite universelle.

    dans l’autre vie, il leur apparaît à la gauche de la Géhenne, un peu sur le devant, une ville dans laquelle ils affluent et se pressent ; mais cette ville est fangeuse et infecte, aussi elle est appelée la Jérusalem souillée. Là ils courent par les rues dans la boue et dans la fange jusqu’au dessus du talon, en se plaignant et en se plaignant ! » (Les Arcanes célestes, 939, 940).