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tailleur de Moscou, et l’abandonne pour venir à pied à Paris chercher aventure. Elle connaît sur le pavé parisien toutes les extrémités de la misère, toutes les horreurs de l’amour vénal épuisée, elle tombe un jour d’inanition dans les Champs-Élysées et se jure à elle-même que ce sera là que s’élèvera son hôtel lorsque le sort, dans lequel elle a foi, l’aura enfin favorisée. Elle épouse de la main gauche un pianiste juif, le célèbre Herz, qui la présente aux Tuileries comme sa femme légitime, on l’éconduit, elle se promet de se venger.

Herz, ruiné et chassé par elle, s’enfuit en Amérique, elle épouse alors, cette fois régulièrement, le marquis de Païva qui se brûle la cervelle peu après. Maîtresse du comte Henkel,

    Le maréchal avait près de quatre-vingts ans, il fut guillotiné avec sa femme qui en avait soixante-six et ne figurait même pas dans l’acte d’accusation. Lorsqu’on vint appeler le maréchal, raconte un témoin, dans l’Histoire des prisons, pour le mener à la Conciergerie, il pria celui qui lui annonçait qu’il fallait descendre au greffe de ne point faire de bruit, afin que la maréchale ne s’aperçut pas de son départ. Elle avait été malade les jours précédents, et elle était dans les remèdes. — Il faut qu’elle vienne aussi, lui répondit-on, elle est sur la liste, je vais l’avertir de descendre. — Non, lui répondit le maréchal, puisqu’il faut qu’elle vienne, c’est moi qui l’avertirai. » Il va aussitôt dans la chambre et lui dit : « Madame, il faut descendre, Dieu le veut, adorons ses desseins. Vous êtes chrétienne. Je pars avec vous et je ne vous quitterai pas. » La nouvelle que M. de Mouchy et sa femme allaient au tribunal se répandit en peu de moments dans toutes les chambres. Le reste du jour fut pour les prisonniers un temps de deuil. Les uns s’éloignaient de leur passage, ne se sentant pas la force de soutenir ce spectacle, d’autres, au contraire, se rangeaient en haie, voulant leur témoigner une dernière fois leur respect et leur douleur. Quelqu’un éleva la voix et dit : « Courage, monsieur le maréchal ! » Il répondit d’un ton ferme : « A quinze ans, j’ai monté à l’assaut pour mon roi, à près de quatre-vingts, je monterai à l’échafaud pour mon Dieu »