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Le théâtre, écrit-il a ses habitudes, ses mœurs, ses conventions dont il est difficile de ne point tenir compte, l’histoire a ses types que l’on ne peut supprimer d’un trait de plume… Si la personnalité religieuse a droit au respect, condition fondamentale de la liberté de conscience, la première de toutes les libertés, il n’en saurait être de même du type essentiellement humain d’une race qui, en tant que race, appartient à la critique, au roman, au drame par ses éminentes qualités comme par ses défauts naturels.|95}}

Les instructions ministérielles furent néanmoins exécutées, les Juifs disparurent de toutes les pièces. On alla plus loin, on châtra Shakespeare, pour ne pas blesser des circoncis !

Le théâtre de l’Ambigu-comique, raconte encore M. Hallays-Dabot, voulut reprendre un drame, le juif de Venise joué en 1854. Le drame était un arrangement de l’œuvre de Shakespeare. Qu’allait devenir Shylock, l’immortelle création qui fait revivre les siècles d’oppression que la race juive eut à traverser, ses luttes sourdes contre le chrétien, ses joies, ses triomphes, ses humiliations, Shylock la figure saisissante dont le rire sarcastique et les cris de désespoir éclairent tout un côté sombre de la vie du moyen age ? Le vieux juif dus subir la loi commune. Le souvenir de Shakespeare, le côté légendaire du personnage, l’époque et le lieu de l’action, rien ne sauva Shylock. Le farouche circoncis dus dépouiller sa physionomie caractéristique pour devenir un banal usurier vénitien. La pièce fut reprise sous le titre : Shylock ou le Marchand de Venise.

Imaginez qu’on ait jamais fait subir une pareille mutilation à l’œuvre d’un des plus grands génies de l’humanité, pour ne pas froisser les chrétiens, et vous entendez d’ici les protestations de Paul Meurice et de Lockroy.

Mais n’est-ce pas bien Juif tout cela ? La race n’est-elle pas tout entière dans ce contraste : maintenant qu’ils sont les maîtres ils vomissent sur nous tous les excréments qu’avait avalée Ezéchiel ; quand ils n’étaient encore