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parfois la victime par un premier gain, et finalement elle se trouve à la fois ruinée et notée d’infamie.

Si le marchand, l’écrivain et le grand seigneur s’étaient entendus, s’ils s’étaient unis, ils auraient échappé, ils se seraient défendus mutuellement ; chacun aurait apporté un appui à l’autre ; mais, je le répète, ils succombent sans se voir, et sans soupçonner même quel a été leur véritable ennemi.

Grâce à cette solidarité, tout ce qui arrive à un Juif, dans le coin le plus reculé du désert, prend les proportions d’un événement.

La criaillerie du Juif rappelle toujours ces tumultes du moyen âge où un infortuné porteur de loque jaune, rossé pour un méfait quelconque, poussait des lamentations affreuses, qui agitaient tout le ghetto.

Par malheur pour les oreilles délicates, il y a constamment dans le monde un Juif qui crie et qui réclame quelque chose. Que réclame-t-il ? Ce qu’on lui a pris, ce qu’on aurait pu lui prendre, et enfin ce qu’il aurait pu gagner.

Qui a oublié Mortara, ce petit Juif à propos duquel toute la presse vendue à Israël accabla d’injures un saint pontife, qui se contenta de dire au gamin avec son sourire angélique : « Cher enfant, tu ne sauras jamais ce que ton âme m’aura coûté ! »

Le père Momolo Mortara était un type ; il exploitait son fils comme Raphaël Félix exploitait Rachel, qu’il s’était réservé le droit, dans son traité avec l’imprésario américain, de montrer morte et revêtue du péplum dans son cercueil.

Dès que le père Mortara avait besoin d’argent, il sentait sa douleur se renouveler et il allait trouver Cavour. Cavour, qui prétendait que l’affaire Mortara l’avait autant aidé à faire l’Italie que Garibaldi, donnait