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lontiers aux lettrés, il a des journaux où l’on écrit quelquefois en français, il recherche l’homme de plume et s’honore de l’avoir à sa table ; à la rigueur, si l’écrivain lui avait fait gagner cent mille francs, il lui mettait cinq cents francs sous sa serviette.

Le Juif du Nord n’a même pas le génie du commerce ; c’est le rogneur de ducats d’autrefois, celui qui, ainsi qu’on le disait à Francfort, faisait subir aux écus l’opération de la circoncision. Son confrère du Midi s’agite, se remue, s’ingénie ; lui ne bouge pas : immobile et stagnant, il attend le moment derrière son guichet ; il déprécie les titres comme il dépréciait les monnaies ; il s’enrichit sans produire jamais. L’un est la puce sautillante et gaie ; l’autre est le poux visqueux et gluant, vivant dans l’inertie aux dépens du corps humain.

Le Sémite religieux, celui qui se souvient encore des jours où il ouvrait sa tente pour prier aux rayons du soleil levant ; le Sémite relativement tolérant aussi, est l’homme du Midi. Ce haineux, le faiseur de caricatures obscènes, celui qui crache sur le crucifix, est l’homme du Nord.

Les Juifs du Midi cependant ont beaucoup plus souffert que les Juifs du Nord, mais ils ont été moins méprisés. Le martyre, comme il arrive, a grandi les descendants des victimes, tandis que l’habitude de vivre dans les humiliations publiques a plongé dans la dégradation les fils des Juifs allemands.

Ne vous y trompez pas cependant : le plus fort, le vrai Juif est le Juif du Nord. Péreire, poète et artiste jusqu’à un certain point, a essayé en vain de lutter contre Rothschild ; il a été obligé de renoncer au combat, d’où il était sorti fort meurtri.

Il semble que, par une logique assez naturelle, le