Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commun, au milieu d’une civilisation qu’il n’a pas faite.

Le malheur du Sémite — retenez bien cette observation fondamentale en mémoire de moi — est qu’il dépasse toujours un point presque imperceptible qu’il ne faut pas franchir avec l’Aryen.

L’Aryen est un géant bon enfant. Il est heureux pourvu qu’on lui conte une de ces légendes dont a besoin son imagination éprise du merveilleux. Il a écouté longtemps la légende de 89, comme il eût écouté le récit d’un cycle chevaleresque. Un peu plus, et les rédacteurs de la République française lui auraient fait croire que les membres du gouvernement de la Défense nationale, montés sur des chevaux fougueux, comme les anciens preux, avaient bravé les plus affreux périls pour gagner la bataille de l’emprunt Morgan. Pendant qu’il est naïvement intéressé par ces prouesses, rien n’est plus facile que de lui enlever sa bourse, et même de lui enlever ses bottes, sous prétexte qu’elles le gêneraient pour marcher dans la voie du progrès.

A l’Aryen, je le répète, on peut tout faire ; seulement il faut éviter de l’agacer. Il se laissera dérober tout ce qu’il possède, et tout à coup entrera en fureur pour une rose qu’on voudra lui arracher. Alors, soudain réveillé, il comprend tout, ressaisit l’épée qui traînait dans un coin, tape comme un sourd, et inflige au Sémite qui l’exploitait, le pillait, le jouait, un de ces châtiments terribles dont l’autre porte la trace pendant trois cents ans.

Le Sémite, du reste, n’est nullement étonné. Il est dans son tempérament d’être oppresseur, et dans ses habitudes d’être châtié. Il trouve presque une certaine satisfaction quand tout est rentré dans l’ordre normal ;