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mêmes rient à l’étranger, où la meilleure place est pour lui…

Il y eut des poèmes de douleurs déchirantes dans ces chambres à carreaux rouges, à rideaux fanés, aux trois chaises de crin, que les Mémoires nous dépeignent, et où des femmes comme Mme d’Argouges ou Mme de Talmont arrivaient parfois en sabots, sans linge. Souvent même on n’avait pas de chambre. La princesse de Condé, errante, couchait sur le plancher et se nourrissait de pommes de terre à l’eau.

Une des triomphantes de Versailles vend sa dernière robe pour payer l’enterrement de son mari, et reste seule avec ses deux enfants. Mme de Montmorency se fait porteuse de pain pour nourrir sa mère ; d’autres savonnent, vont en journée. Le comte de Secillon s’établit maître de danse, et croit reconnaître un jour un de ses amis, le baron de Pontgibaud, portant la balle de colporteur. — « Je ne m’appelle plus Pontgibaud, répond celui-ci ; je m’appelle Labrosse. » Et il resta Labrosse jusqu’à la Restauration.

A Londres, Mme de Gontaud fabrique de petits objets de laine à raison de deux sous par heure. Chateaubriand est obligé de mettre sa table sur son grabat, en guise de couverture, pour ne pas mourir de froid ; après être resté deux jours sans manger, il s’évanouit, et il allait expirer d’inanition, lorsque le journaliste Pelletier vint lui rendre visite, par hasard, et l’emmena se bourrer de rosbif.

C’est lorsqu’ils seront aux prises avec l’exil et la pauvreté, que les compagnons de plaisir des Rothschild et des Ephrussi comprendront le prix de cette Patrie qu’ils n’auront rien fait pour défendre. C’est alors seulement qu’ils récapituleront tout ce qu’il était possible de tenter pour résister, pour empêcher cette société de périr.