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heureux fous à coups de poing ou à coups de clef ; quand ils sont en belle humeur, ils garrottent l’infortuné qui leur tombe sous la main, et le livrent au baigneur, qui le plonge dans un bain froid, « en maintenant la tête sous l’eau jusqu’à ce que le visage du patient soit devenu violet. »


Dernièrement, on livra au baigneur un paralytique général ; le baigneur faisait un cent de piquet : aussi, furieux, il grogna : « Attends, vieille crapule ! je vais t’apprendre à me déranger ! » Et il jeta le misérable dans une baignoire remplie d’eau presque bouillante. Lorsque l’infirmier de la salle, Parizet, revint chercher son paralytique, il s’aperçut avec stupeur que celui-ci était complètement échaudé : « la peau de son corps s’enlevait par longues bandes », nous dit un témoin oculaire. Aujourd’hui — deux mois après ce bain bouillant — les brûlures ne sont pas encore guéries !

Ce n’est là qu’un cas entre mille.

On opère de la même façon avec les vieillards : l’un d’eux a été pendu par les pieds, et est resté la tête en bas, pendant plus d’une minute, parce qu’il avait sali son lit…


Au mois de janvier 1885, un paralytique qui occupait le lit n° 19, dans la salle Saint-François, à l’hôpital Beaujon, est arraché de son lit par un infirmier ivre, et jeté dans le caveau à charbon, où il expire quelques minutes après.

Le procès de cet infirmier, du nom de Bourré, qui en fut quitte pour six mois de prison, révéla des détails incroyables sur l’incurie des Quentin et des Peyron.

Cet homme avait été chassé deux ou trois fois de tous les hôpitaux de Paris, pour ivresse et violences envers les malades, et il rentrait quelques mois après dans les hôpitaux d’où il avait été renvoyé ; il faisait le tour : il avait été successivement à Cochin, à Lariboisière, à la Charité, à Saint-Antoine, à la Pitié, à l’Hôtel-Dieu, à Bichat, à Beaujon !