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ploits de l’inspecteur Carbasse, qui excitait les instituteurs à insulter les Sœurs.

Une religieuse se présente à l’examen. Le cœur lui bat bien fort, elle est tout effarouchée devant cette foule, elle sent que les mots vont rester dans sa gorge. Vous qui avez un peu d’âme, vous devinez cet état d’ici, j’en suis certain. C’est en Dieu seul que la pauvrette espère : il lui donnera la force nécessaire. Elle s’agenouille dans un coin de la salle, elle joint les mains et murmure une petite prière.

Un instituteur a vu ce mouvement.

— Ohé ! la sœur, crie-t-il de cette voix particulière aux gens de son espèce, voulez-vous que je vous donne l’absolution ? je suis carme…

Ce plaisant du ruisseau s’appelait Carme.

Carbasse, se frappant les genoux de la main, rit aux larmes en voyant pâlir la pauvre Sœur tout effarée devant ces yeux fixés sur elle.


II


Voici encore une victime émouvante : Lenoir, un cocher. Vous l’avez peut-être rencontré dans Paris, et, si vous étiez pressé, la rencontre n’a pas été propice pour vous. Le pauvre homme, à moitié fou, ne se rappelait plus l’adresse que lui donnaient les voyageurs et les laissait parfois en chemin. Les Francs-Maçons lui avaient volé son enfant, la mère était morte de chagrin, et il oubliait de gagner sa vie pour venir, dix fois par jour, demander des nouvelles de son fils à M. Lacointa. L’ancien avocat général à la Cour de cassation, qui donna si noblement sa démission au moment des décrets, avait été touché de cette grande douleur : il était devenu le conseiller, le consolateur, presque l’ami de