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à la carrière brisée, au nom que naïvement ils se figurent déshonoré.

Quel livre à faire sur ces souffrances intimes, sur ces drames qui se passent dans chaque ville et presque dans chaque village ! Ce livre, un seul parmi nous aurait pu l’écrire, poignant, navrant, sincère, tel qu’il devrait être en un mot : c’est Alphonse Daudet ; il l’écrira peut-être.

Quel livre plus tentant, pour une âme généreuse ? Il y a des simples et des humbles qui sont bien émouvants à regarder aux prises avec cette formidable machine gouvernementale mise en mouvement par des mécaniciens scélérats. Quoi de plus impressionnant que l’histoire de ce pauvre organiste de la cathédrale d’Uzès, que tous les journaux ont contée ? C’est une sorte de conseiller Krespel, un de ces maîtres de chapelle à moitié fantastiques comme en a peint Hoffmann. Il vit en dehors du monde réel dans un rêve musical, il sourit en marchant aux mélodies divines qu’il entend chanter en lui. Les leçons qu’il a en ville et dans un couvent, assurent le nécessaire à ce doux chimérique, qui vit de peu. Noël approche, et il compte ce jour-là faire entendre un morceau qui sera digne des maîtres immortels, de Paesiello et de Palestrina. « Vous écouterez cela, » dit-il ; et sa bonne figure s’illumine et rayonne.

Les Francs-Maçons de la ville, qui se réunissent dans un petit établissement comme celui qu’a décrit Goncourt dans la Fille Élisa, ont juré de perdre ce naïf, cet ingénu. Le juge d’instruction se voit déjà garde des sceaux, s’il peut faire condamner cet innocent. Le musicien est arrêté sous une inculpation abominable.

On obtient un premier succès. La supérieure de l’établissement de Saint-Maur tombe morte quand on vient