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faits qui n’ont jamais existé ; on lui fait apprendre une leçon qu’il répète par vanité, pour ne pas avoir l’air de manquer de mémoire. Sous ce rapport, les organisateurs sont d’une habileté incroyable dans le choix de leurs sujets.

Parmi d’innombrables affaires de ce genre, dont le .récit allongerait indéfiniment ce livre, je prends au hasard l’affaire de l’abbé Mulot.

L’abbé Mulot, curé de Saint-Leu, à Amiens, était un vénérable prêtre de 71 ans, qui avait traversé la vie en faisant le bien. Pendant le choléra de 1866, il avait bravé cent fois la mort, en prodiguant ses soins aux malades, et les habitants du faubourg de Ham s’étaient cotisés pour lui offrir une couronne d’or à titre de souvenir.

Quand on demanda à un témoin, M. Hocquet, maire de la commune de Templeux-le-Guérard, où l’abbé Mulot avait été curé, quelle était alors sa réputation, il répondit simplement : « Si j’avais voulu amener ici quatre cents personnes de Templeux pour téihoigner en faveur de M. l’abbé Mulot, elles seraient venues en masse. »

L’abbé Mulot avait dû défendre les droits de l’Église contre la ville d’Amiens. Dauphin, le protecteur et l’ami d’Erlanger, l’associé de Boulan (de l’Assurance financière), et Goblet, qui vaut encore moins que lui, avaient été indignés d’une telle audace. Il fut résolu qu’on perdrait le pauvre prêtre, qu’ « on monterait un coup », pour employer l’expression d’un des témoins. Une institutrice, qui, avant d’appartenir à l’enseignement, avait fait partie d’un cirque ambulant, vint raconter que des enfants auraient reçu du curé ce qu’ils appelaient des « leçons naturalistes. »