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pas. Dans Ignotus, vous trouverez peint au naturel, ad vivum, le monde bizarre qui s’est installé impudemment dans cette ruine toute neuve d’un monde écroulé, comme les bohémiens s’installent deux ou trois fois l’an dans le jardin des Tuileries, pendant leurs loques aux statues des consulaires, rapiéçant leur chaussure trouée au pied des déesses de marbre, allumant les réchauds de leur nauséabonde cuisine sous les arbres augustes que nos rois avaient plantés pour verser la fraîcheur et l’ombrage aux passants.

Assidu du palais et avocat lui-même, quoiqu’il n’ait que peu plaidé, Ignotus décompose très bien la façon dont fonctionne la persécution judiciaire ; il explique fort lucidement comment l’innocent est condamné d’avance, même avec une sorte d’apparence de justice, dès que le magistrat Franc-Maçon est d’accord avec ceux qui ont organisé une affaire, soit dans un intérêt électoral, soit dans un but de chantage.

Les études sur le huis-clos, le secret, les attentats à la pudeur, sont d’un penseur et d’un légiste.


L’enfant, dit très bien l’écrivain, n’a pas conscience fort nette de la réalité des choses. De même que le bébé naissant étend le bras pour toucher les objets les plus éloignés, — de même l’enfant ne distingue que peu à peu la matérialité des actes. Il les confond, présents ou passés. Il ne met pas une grande différence entre ce qu’il a vu ou entendu. Parfois il croit avoir entendu ce qu’il a vu — et vu ce qu’il a entendu.

Or cet enfant est le témoin qui, d’ordinaire, est regardé comme le plus croyable et qui est le plus cru. Il y a cet adage criminel : « Plus le témoin est petit, plus il pèse ! »


C’est là-dessus que comptent les Francs-Maçons, qui excellent dans ces préparations de procès d’attentats à la pudeur. On fait croire l’enfant à la réalité de certains