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Non seulement l’écrivain qui voudrait dire toute la vérité serait frappé impitoyablement par les tribunaux, mais il n’exercerait aucune influence sur le public. C’est l’événement inattendu, l’incident qui jaillit d’une polémique, qui seul réveille de temps en temps l’attention… Ce malheureux peuple, déjà envahi par l’algidité de la mort, regarde un instant et se rendort…

Vous auriez arrêté un passant il y a six mois et vous lui auriez dit :

— A qui le service de la Sûreté confie-t-il, à votre avis, les fonctions d’inspecteur principal de la Sûreté dans un poste comme celui d’Avricourt ?

Ce passant vous aurait répondu avec le plus tranquille optimisme :

— Évidemment, on confie ce poste à quelqu’un de particulièrement sûr. Ce sont là des fonctions exceptionnellement délicates. L’homme qui est chargé de cet emploi, est forcément initié à tous les secrets de notre service d’informations, il connaît le nom des Alsaciens-Lorrains qui nous sont fidèles, il peut jouer un rôle considérable dans un incident de frontière.

Or, il se trouve, toujours par hasard, qu’Isaïe Levaillant, qui de son vrai nom s’appelle Weill, ou Isaias Jacob, ou Rech (on n’a jamais bien su au juste) avait pris pour cette fonction un homme du nom de Kuehn (Kohn, Kahn, Cahen), qui était un simple dé-