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munes voisines, des fonctionnaires de diverses administrations.

On prononça sur sa tombe des discours dignes d’un homme qui aurait sauvé la Patrie. Daval, le sous-préfet, fut d’un lyrisme invraisemblable. Il serait dommage de ne point citer quelques fragments de cette harangue, qui donne bien l’idée de la littérature républicaine :


Messieurs,

C’est au nom de M. le Préfet de l’Ain et au mien que je prends la parole au bord de cette tombe, où nous réunit une peine commune.

L’homme que nous accompagnons à l’endroit où l' on dort, était de ceux qui ont pour cortège la douleur publique. La ville de Trévoux pleure en François Guillot un administrateur hors de pair ; le Conseil général de l’Ain, l’un de ses membres les plus actifs et les plus éminents ; la République, l’un de ses plus dévoués partisans.

On dit d’un soldat tué devant l’ennemi : mort au champ d’honneur ; de celui qui est dans cette tombe nous pouvons dire : mort à la peine. C’est qu’à la vérité cette vie si bien remplie se résume en deux mots : travail, bienfaisance. Quel vide il laisse parmi nous ! quelle perte nous venons de faire ! Quel est donc le « faucheur aveugle » qui porté ainsi la main sur le meilleur des nôtres ? Où trouver un pareil dévouement aux intérêts de la démocratie ?

Et cependant quel désintéressement dans l’accomplissement de cette tâche ! quelle noblesse dans les mobiles ! Remplir son devoir fut son unique et constante préoccupation.

Il n’ambitionnait que l’estime de ses concitoyens ; cette estime eût été sa seule récompense, s’il n’eût obtenu cette croix de la Légion d’honneur que je vois briller sur son cercueil.

Laissez-moi, à ce propos, vous dire un fait qui m’est personnel : C’était en 1878, quand M. le Préfet de l’Ain me demanda de lui désigner le plus digne de recevoir l’étoile de l’honneur. J’eus la bonne fortune de jeter les yeux sur