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trouver, pour dire à cet auditoire populaire : « Ne vous dégradez pas par l’ivresse ! Songez à tout ce qui s’engloutit dans les assommoirs, à la femme, aux enfants, qui attendent le salaire de la semaine ».

Parmi les flatteurs du peuple qui figurent dans cette liste, aucun, je le reconnais, n’eût été capable dé tenir ce langage, que tiennent les plus pauvres desservants de nos campagnes. Tout au moins ces favoris de la multitude eussent pu dire : « Peuple, puisque tu veux boire, nous veillerons à ce qu’on ne t’intoxique pas, à ce que l’on ne gagne pas en quelques années une scandaleuse fortune aux dépens de ta santé ».

De toutes ces bouches, il ne sortit qu’un cri d’encouragement aux falsificateurs et aux distillateurs du poison, un cri de réprobation contre l’institution qui avait pour but de préserver la vie de l’ouvrier.

Remarquons qu’à part les produits nuisibles, le Laboratoire n’empêche de rien vendre ; il dit seulement aux marchands de vin : « Ne trompez pas ; annoncez du vin additionné d’eau, du vin fabriqué avec de la fécule de pomme de terre, du cognac orné d’un bouquet d’éther. En boira qui voudra ».

C’est cet appel à la plus élémentaire loyauté qui révolte les républicains organisateurs de ces meetings. Ils ont obtenu gain de cause, en tous cas ; et, depuis le mois de juillet 1883, il est défendu au Laboratoire d’employer officiellement les mentions mauvais et nuisibles.

N’est-ce pas bien Franc-Maçon, tout cela ?

Si l’on pouvait mettre l’air qu’on respire en exploitation, ces aigrefins formeraient un syndicat pour empêcher les indigents d’en profiter.