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même temps de nous défier de ceux qui nous avaient témoigné une amitié équivoque.

Les Français de la décadence firent tout le contraire : ils furent mal élevés, grognons, pleins d’une mauvaise humeur, d’un goût déplorable, devant les Allemands qui les avaient vaincus, comme eux-mêmes avaient jadis vaincu l’Europe ; ils se roulèrent aux pieds de ceux qui les avaient trahis.

Le bon Schnerb, en sa qualité de Juif, fut le premier, nous apprend toujours M. Toudouze, à déclarer que Wolff était le modèle des patriotes ; tous suivirent cet exemple. L’entrevue de Gondinet et de Wolff est une scène de mœurs boulevardières qui indique bien le niveau de l’intelligence actuelle. Wolff, ici encore, semble avoir eu plus de délicatesse que les Français : la première fois qu’il vint dîner chez Brébant, il n’osa pas se montrer. Il était là, dînant solitaire, en cachette, dans son cabinet, lorsqu’on frappa à la porte. « Le garçon venait l’informer qu’un passant, qu’il ne connaissait pas, ayant appris que M. Albert Wolff était de retour et dînait là, demandait à le voir.

« La porte s’ouvrit ; et, les bras tendus, les yeux humides, le nouveau venu s’avança vers Wolff : « Gondinet ! »

N’est-ce pas complet, cet agenouillement devant Wolff, dans l’espoir encore lointain d’une réclame, d’un homme qui, après Dumas et Sardou, est à l’heure présente un des triomphants de la scène française ?

J’ai tort de noircir tant de pages pour écrire l’histoire psychologique de mon temps ; cette histoire pourrait s’écrire en cinq mots : Ce siècle est effroyablement lâche.

C’est à un mensonge perpétuel que l’on a recours pour dissimuler cette universelle lâcheté. Il n’est pas