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Voilà le niveau moral du premier élu de Paris ! Il est nécessaire que tout cela soit relevé, pour qu’on s’explique plus tard comment la France a roulé si rapidement dans la fange.


V


Tous en sont là. Vous connaissez Anatole de la Forge. C’est « un galant homme ». Toutes les gazettes le disent et Ignotus le répète[1]. Qu’est-ce qu’un galant homme à notre époque ? Il y a ainsi, à cette fin de siècle, des mots errants, des mots fantômes, flottant dans l’air sans se fixer nulle part, pareils à ces posthumes dont parlent les Anglais, formes vagues d’une organisation disparue, calques gazéiformes d’êtres qui ont vécu.

Cette expression semble impliquer une délicatesse particulière de conscience, » un raffinement dans les sentiments, une sorte de superflu dans l’honneur. N’est-ce point se moquer du monde que de se laisser décerner, en toute occasion, ce titre de « galant homme », et d’appeler publiquement mon vieil ami un maître chanteur, un Juif de Cologne, qui verse chaque jour sur des officiers français les ignobles injures dont j’ai donné un échantillon ?

Nous sommes loin de ce Tugendbund (Association de la vertu) où les Stein, les Scharnhorst, les Blücher, les Arndt, les jeunes poètes et les vieux généraux se préparaient à délivrer l’Allemagne du joug de Napoléon.

  1. Je crois qu’au fond le vrai modèle d’Anatole de la Forge, c’est le capitaine Bravida : vous savez, ce capitaine qui retroussait sans cesse des moustaches formidables, et qui s’écriait d’une voix tonnante : « Je suis Bravida, capitaine d’habillement ! »