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Or, quels étaient donc, Messieurs, les auteurs de cette publication ? quels étaient les fabricants de cet opuscule, ceux qui le mettaient en vente, ceux qui faisaient le trafic honteux que je vous dénonce ? Messieurs, ce sont ceux-là mêmes que nous retrouvons dans le débat actuel, ce sont ceux-là mêmes qui ont touché l’argent, et qui ont stipulé cette vente, ce sont ceux-là mêmes, qui se sont ensuite servis de cet argent pour vivifier et faire prospérer le journal la Lanterne !

Voilà ce fait que je puis, sans excès de langage, appeler un acte de chantage financier.


Le fait n’est donc pas douteux ; mais ce qui est mille fois plus intéressant, au point de vue de notre étude, que le fait lui-même, c’est la terreur qu’inspire cet homme. Il suffisait à Mayer de traiter le plus honnête magistrat de faussaire et de voleur, pour que le malheureux fût immédiatement sacrifié par Martin-Feuillée, le docile exécuteur des ordres de la Lanterne.

En dressant ces listes de proscription, Mayer vengeait des injures toutes personnelles, car les siens et lui avaient eu un peu affaire à la magistrature de tous les pays. Il avait particulièrement sur le cœur le jugement du tribunal de Valenciennes, du 20 août 1879, qui avait sévèrement qualifié les moyens dont Mayer s’était servi dans un de ses journaux, la Réforme financière, pour lancer une entreprise véreuse : la Société céramique du Nord ; Le tribunal avait constaté que la Réforme financière avait affirmé que l’usine était libre de toutes charges, dettes et hypothèques, alors que son prix n’avait pas même été payé, et déclaré que « le préjudice causé résulte, non des faits eux-mêmes, mais de la publicité qui leur a été donnée, dans un but intéressé et coupable » ; il avait établi enfin que les manœuvres coupables avaient été commises « par Mayer, publiciste