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précisé ce qu’il entendait par « combler quelqu’un d’honneurs ». Voudrait-il que l’on conduisît Spitzer, monté sur un cheval blanc, comme un nouveau Mardochée, à travers les rues de la capitale ? N’est-ce point assez pour une générosité qui atteint « des limites invraisemblables ? » Souhaite-t-il que l’on remette à ce Remonencq magnifique, à ce père Lemans héroïque, répée de connétable devant les troupes assemblées, dans le frémissement solennel des drapeaux lentement inclinés ?

Je ne rappellerai pas les actes inqualifiables qui firent de cette loterie une opération sans exemple. Nouvelles mensongères, chiffres frauduleux, manœuvres dolosives de toute sorte, il n’en aurait pas fallu le quart, autrefois, pour mettre toute la maréchaussée aux trousses des singuliers industriels qui donnaient ce spectacle[1].

Après avoir fait annoncer officiellement le 15 juin que l’émission des billets est terminée, Proust est obligé de reconnaître qu’il a menti et qu’une partie des billets est demeurée entre ses mains. La loterie est tirée néanmoins sans que les billets aient été placés ; le gros lot, ainsi que quelques lots d’une importance secondaire, reste au fond du sac, et les administrateurs avouent qu’ils ont gagné 770,000 francs. Ce n’est que sur les réclamations unanimes de la presse et de l’opinion que l’on se décide à procéder à un nouveau tirage. Ce qui est certain, ce qui est hors de conteste, c’est

  1. La Nouvelle Presse des 8, 9, 11 août 1884, le Petit Journal, le Matin, le XIXe Siècle, le Courrier de l’Art du 26 et du 27 mars 1885, ont porté contre Proust, avec preuves à l’appui, des accusations d’une telle gravité, que l’on ne comprend pas que le parquet ne se soit pas ému.