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couchait sur l’Arc-de-Triomphe, allait et venait, au milieu des propos grivois, Judic, acclamée par tous les Juifs, et guidant un petit âne que caressaient toutes les grandes dames, et qui semblait, comme l’âne d’or d’Apulée, sorti tout à coup d’une fable milésienne. Sur un théâtre improvisé, le comte de Fitz-James jouait le Vitrier ; ce descendant d’un compagnon des Stuarts proscrits, histrionnant dans ce jardin où étaient tombés sanglants, au 10 août, les défenseurs des Bourbons, ajoutait par sa présence je ne sais quel piquant à cette fête singulière.

Aux grilles, la foule du Paris des dimanches regardait, criait, apostrophait, hurlait, vociférait, sifflait. A la fin, elle pressa doucement sur la faible haie des gardiens de la paix qui essayait de la retenir, et elle entra. Alors ce fut une cohue affreuse, où gens du monde et gens du peuple, gommeux en habit noir et ouvriers en blouse, grandes mondaines et plébéiennes, roulèrent pêle-mêle le long des Tuileries en rythmant leur descente sur un chant d’Évohé[1].


II


Jadis, sous l’Empire, quand il s’agissait d’autoriser une modeste loterie de cent mille francs, les républicains montaient à la tribune, et ils protestaient contre ceux qui habituaient les travailleurs à se repaître de l’espérance d’un gain illusoire, et les dégoûtaient ainsi d’un labeur honnête. Maintenant ils ont changé tout cela : ils ont autorisé cette loterie des Arts déco-

  1. Ce sont tout à fait les mœurs du Directoire, avec l’hypocrisie religieuse en plus, et en moins le tempérament, la vitalité débordante d’alors, le fier courage des conspirateurs royalistes.