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— Vous avez par votre expérience et vos talents, lui dit-il, une grande influence sur des hommes qui vous sont très inférieurs, et je voudrais savoir ce que vous pensez de mes amis et de moi ; comment vous jugez notre conduite et pourquoi nous ne pouvons nous entendre.

— Vous êtes de très honnêtes gens, fort capables, répondit Treilhard, et je crois que très sincèrement vous voulez maintenir le gouvernement constitutionnel, parce qu’il n’y a aucun moyen, ni pour vous ni pour nous, de lui en substituer un autre ; mais nous, conventionnels, nous ne pouvons vous laisser faire : que vous le vouliez ou non, vous nous menez tout doucement à notre perte certaine. Il n’y a rien de commun entre nous.

— Quelle garantie vous faut-il donc ? répliqua le général Dumas.

— Une seule, ajouta Treilhard, après quoi nous ferons ce que vous voudrez, et vous pourrez détendre tous les ressorts. Donnez-nous cette garantie, et nous vous suivrons aveuglément.

— Et laquelle ?

— Montez à la tribune, et déclarez que, si vous aviez été membres de la Convention, vous auriez, comme nous, voté la mort du roi…[1]


La situation, encore une fois, est la même ou à peu près.

— Montez à la tribune, disent les hommes de la gauche aux hommes de la droite, reniez votre bap-

  1. C’est au général Matthieu Dumas, raconte Taine, qu’à la veille du 18 Fructidor, un commandant offrit de faire marcher ses hommes sur le Luxembourg et d’arrêter Barras. Le général refusa.
    — Vous avez été un imbécile, lui dit Napoléon. Vous ne connaissez rien aux révolutions.
    Ce général était né pour être orléaniste.