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Les journaux de Seine-et-Oise, écrit-il, sont, sans aller plus loin, remplis chaque semaine des exploits des gardes d’un gros financier qui a loué une partie du parc de Versailles.

Des allées où les enfants passent ! des fourrés où les promeneurs s’égarent ! des nids de verdure où l’on aimerait à se perdre, un livre à la main !

Un instant : attention à vous ! Il y a presque péril de mort ! Les gardes du baron Hirsch sont là tout près, le fusil chargé. Le Petit Versaillais, un journal du pays, conte que, l’autre jour, une ordonnance traversait à cheval l’avenue qui conduit du boulevard de la Reine à la porte Saint-Antoine. Deux beaux chiens de chasse suivaient, appartenant à des officiers. L’un d’eux entre sous bois : il revient bientôt avec la patte cassée et un œil crevé. L’autre disparaît dans une haie : il est tué raide. Le brigadier de gendarmerie a déclaré que M. le baron Hirsch donne à ses gardes un franc de prime par bête abattue, avec prescription d’assimiler aux fauves tous les chiens rencontrés dans sa chasse.

Mais sa chasse, c’est une propriété de l’État ! mais on devrait pouvoir prendre le frais dans sa chasse sans courir le risque de recevoir des grains de plomb dans le visage !

Un officier, la semaine passée, se promenait avec son enfant dans une allée en contre-bas d’un taillis. Tout à coup quelqu’un tire. Le plomb fait pleuvoir des feuilles criblées sur la tête du petit, et l’enfant a peur. Le garde, interpellé par l’officier, répond simplement : « J’ai tiré sur une fouine. Quand j’en rencontre, j’ai ordre de tirer. »


Avouez, entre nous, que ce garde a eu de la chance de tomber sur un officier contemporain ! S’il avait fait cette réponse à Kléber, à Desaix, à Marceau, à Pélis-Bierou à Bugeaud dans leur jeunesse, je crois que le baron Hirsch aurait passé un mauvais quart d’heure !