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Il y a plus : cette descente de la Courtille héraldique, cette noblesse qu’on a appelée la noblesse de l’Almanach de Golgotha, cette invraisemblable éclosion de financiers se déclarant comtes et barons, non pas à la suite de services rendus au pays, mais à la suite de tripotages de Bourse, n’excite déjà plus la gaieté des premiers temps ; on sourit, sans doute, quand on entend prononcer le nom du comte de Camondo ou du baron de Hirsch, mais on s’y accoutume presque.

L’aristocratie, loin de trouver la France nouvelle hostile, ou simplement indifférente comme l’Amérique, correspondait tellement aux mœurs et aux habitudes du pays, faisait si bien corps avec lui, qu’elle n’aurait eu qu’à le vouloir pour être une puissance sinon un pouvoir ; une influence considérable, sinon une autorité reconnue. Là encore elle a été au-dessous de sa tâche, elle s’est montrée inhabile à tout.

A la première Révolution, quarante mille gentilshommes, habitués dès l’enfance au maniement des armes, disposant de toutes les situations considérables, tous braves personnellement, ont commencé par préparer le mouvement qui devait les emporter, en embrassant avec chaleur les idées nouvelles ; puis, au lieu de se concerter, ils ont fui devant une poignée de scélérats.

Excepté le prince de Talmont, il n’y eut pas un seul véritable grand seigneur en Vendée ; jamais un prince du sang n’y parut, et l’injure jetée à la face du comte d’Artois par Charette prêt à mourir est restée dans toutes les mémoires.