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Les pauvres Français d’aujourd’hui sont semblables à des voyageurs qui cheminent inquiets à travers toutes les embûches et toutes les obscurités, obscuri per umbras. Quelle joie de reconnaître tout à coup, à une parole prononcée tout haut, au hasard, dans les ténèbres de la nuit, qu’il y a quelqu’un à côté d’eux, un frère qui marche sur la même route et qui pense comme eux ! Les gens n’oublient pas cela ; ils sont fidèles à celui qui leur a donné ce réconfort, qui leur a versé ce cordial ; ils disent : « Cet homme est mon ami ; il a formulé ce qui était dans mon cœur ; il a exprimé ma pensée, il l’a proférée, portée au dehors (verbum prolatum). » Ils cherchent à la première éclaircie à voir celui qui a parlé à l’heure la plus sombre :

— Est-ce vous qui… ?

— Oui, c’est moi qui…

— Eh bien ! vous pouvez vous vanter de nous avoir fait rudement plaisir.


Cette satisfaction, il est juste de déclarer que les hommes de la droite nous l’ont bien rarement donnée.

Depuis le mois d’octobre 1885, ils négocient, ou plutôt c’est M. de Mackau, « le gentilhomme intermédiaire », pour employer une expression de Louis Veuillot, qui négocie pour eux. C’est un homme excellent, d’ailleurs, mais qui a la manie de tergiverser et de politiquer toujours.