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désastre de Sedan. Toute cette population cosmopolite, « réellement ivre de joie », trépignait de bonheur et se livrait dans les rues à des danses ignobles. Il y eut cependant un détail touchant. On avait jeté sur le pavé le buste de l’Empereur ; quelques indigènes en ramassèrent les débris et les emportèrent. N’est-ce pas émouvant, ce souverain qui a possédé le plus bel empire de la terre et qui n’a plus pour fidèles que quelques Arabes, qui se souviennent que ce vaincu est venu jadis leur rendre visite dans tout l’éclat de sa puissance, qu’il s’est intéressé à eux, qu’il a empêché leur dépossession ?

Les Juifs ne manifestèrent leur dévouement à la France qu’en se ruant, avec des Espagnols et des Maltais, sur le malheureux général Walsin-Esterhazi, qui, souffrant encore d’une blessure et incapable de se défendre, fut accablé de mauvais traitements, roué de coups et obligé de se rembarquer.

L’Algérie fut alors le théâtre d’épisodes inouïs, auxquels se mêle cet élément d’impudence et de puffisme, ce côté saltimbanque qui est entré dans les mœurs publiques à la suite des Juifs.

Vous savez de quelle écume se composent les villes d’Algérie. Depuis l’ouverture de la campagne, tous les foudres de guerre qui déblatéraient contre nos généraux, avaient passé leur temps à faire l’absinthe dans les cafés, pendant que les autres marchaient sous le soleil ardent, souffraient la soif, la faim, se battaient un contre dix. Quand nos malheureux officiers, accablés de fatigue et la plupart blessés, arrivèrent de Sedan et de Metz, ces farceurs refusèrent de les laisser séjourner en Algérie, sous prétexte que la vue de ces capitulés — c’est le nom qu’on leur donnait — offusquait et souillait la vue des patriotes.