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avait sa main glacée sur l’épaule de ce favori du Hasard.

Il serait peut-être revenu au pouvoir pour pousser à cette guerre à laquelle on aspirait tant tout autour de lui ; mais Dieu jugea qu’il avait fait assez de mal : il le toucha du doigt, et Gambetta ne vit pas l’année nouvelle.

Par une rencontre singulière, cet aventurier, qui tient tant des héros de Balzac, mourut dans la villa même de l’auteur de la Comédie humaine. Balzac, qui avait prévu la grandeur d’Israël, a eu le Juif pour remplaçant dans toutes les maisons qu’il a occupées. C’est Gambetta qui s’est assis sous les arbres qu’avait plantés le peintre de tant de présidents de conseil, de grands seigneurs et de grands hommes d’État. Rue de Monceau, Mme de Balzac venait à peine d’expirer, que Mme de Rothschild envoyait réclamer les clefs de l’hôtel, qu’elle avait acheté. Aux champs, Balzac eut pour successeur Gaudissart ; à la ville, il eût Nucingen.

La Franc-Maçonnerie juive, avec l’habileté de mise en scène qui la caractérise, n’épargna rien pour les funérailles de l’homme qui l’avait servi. Bischoffsheim mit un drapeau noir à son hôtel. Camondo loua tout un étage de l’hôtel Continental, pour voir défiler le cortège. Peixotto, président des « Fils de l’Alliance » et vice-consul des États-Unis, déclara au monde qu’il était inconsolable. Simia montra pendant trois colonnes un visage inondé de larmes. Aristide Astruc, rabbin honoraire de Bruxelles, fut dithyrambique au point de paraître farceur.

Eugène Mayer fut une gaieté dans ces tristesses. Il vint pour pleurer, lui aussi, au Palais-Bourbon, et Déroulède, sans respect pour l’endroit, menaça de le battre encore.