Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il va commencer. Il ébauche déjà le geste que l’on sait. Qu’il était topique, ce geste ! Les doigts ne s’élevaient point, comme ceux d’un Bouddha, pour signifier paix ou concorde ; la droite ne s’étendait pas, comme celle d’un chef, pour commander. Ramenées, la paume en l’air, vers un point central situé en bas, ces mains s’inclinaient et s’arrondissaient graduellement. Cupides et amoureuses du lucre, ces mains semblaient ainsi caresser et comme peloter sur la tribune un petit tas de pièces de monnaie…

Il ouvre la bouche… Et en moins d’une seconde, une trombe de sifflets et de huées balaye le dictateur et la dictature…

— A bas Judas ! crie une voix mâle au milieu du vacarme.

Qui a crié cela ? qui a sifflé le premier ? Nul ne le sait. Ceux qui, la tâche de la journée terminée, vinrent à Charonne accomplir cette besogne de justice, resteront des inconnus pour l’histoire.

Au fond de ces faubourgs sombres où ils ont vécu, ils seront peut-être, dans un de ces jours où le vertige est dans l’air, acteurs en quelque assassinat comme celui de la rue Haxo ; ils tomberont peut-être le long d’un mur, victimes de représailles implacables. Il convient de dire qu’ils furent utiles et grands, de féliciter au nom de la Patrie cet être anonyme et impersonnel : le Peuple, qui, parmi tant d’abjections et de hontes, eut un éclair d’indignation, un élan de généreuse colère.

« Tirez le rideau, la farce est jouée ! » aurait pu dire le nouvel Auguste, s’il avait eu la force de parler, pendant que les fidèles tiraient à la hâte une portière qui devait protéger sa fuite.

Mais le Maître n’avait pas l’esprit à des réminiscences