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regard dans la rue, en constatant qu’ils lisaient le même journal !


III


Cette race française qui, trompée, pervertie, abrutie, garde quand même cette qualité de n’être pas encore juive, Gambetta devait la retrouver au fond d’un faubourg de Paris.

Qui n’a encore présente à la mémoire, aux regards, cette scène de la rue Saint-Blaise et ce hangar banal dans lequel se passa un de ces épisodes qui parfois décident de la marche d’un siècle ?

Avec la pluie tombant à flots au dehors, les assistants piétinant dans une boue noirâtre, et tantôt plongés dans la pénombre, tantôt brutalement éclairés par des projections de lumière électrique, ce chantier, qui servait de champ de bataille nocturne à la lutte pour le trône, avait un aspect à demi fantastique. C’était bien le royaume d’en bas, où l’homme d’État, sorti du néant, allait demander une nouvelle consécration aux puissances inférieures qui l’avaient créé.

Devant ce César en représentation dans quelque bouge de Suburre, on se reportait à ces heures lointaines où l’investiture de la Royauté se donnait au chant des orgues, au bruit des hymnes pieuses montant vers le ciel, à la lueur des épées vaillantes tirées du fourreau.

Voilà le rhéteur devant la foule… S’il triomphe, il est le maître quand même de la Chambre future, et, comme il le dit, le représentant de la démocratie. Alors c’est la guerre, la guerre folle, la guerre ignoble plutôt, où le sang français ruissellera afin de se changer en or pour les Juifs.