Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/283

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

clique. Arnaud (de l’Ariège), qui veut faire oublier, par l’exagération de son zèle, qu’il n’est pas d’origine juive, menace de la main un reporter qui, coram populo, corrige immédiatement le cubicularius. La musique, électrisée, qui croit que c’est dans le programme, attaque énergiquement la Marseillaise, pendant que Spuller, tout meurtri de sa chute de l’estrade, se met tout à coup à commencer un discours en allemand…

Le désordre est tel en France, l’entraînement vers la servitude si irrésistible, l’amour d’une autorité quelle qu’elle soit si profondément invétéré, que l’on rend spontanément des honneurs souverains à un homme qui n’y a pas plus droit que le premier député venu.

Gambetta exerçait véritablement l’imperium. Il régnait derrière le président Judith, qu’on n’avait choisi qu’à cause de son nom, et qui, après avoir brisé les crucifix dans sa jeunesse, regardait en souriant, dans sa vieillesse, d’autres les briser à sa place. Les invitations aux légendaires déjeuners de Trompette étaient aussi recherchées que l’eussent été des invitations au Palatin : la terre, à dix-huit cents ans de distance, revoyait cette chose étrange, avilissante, et très folle aussi, qui avait été le Bas-Empire. Il y eut, en effet, dans tout ce que faisait Gambetta, un côté fantaisiste, imprévu, extravagant, histrionnesque, méprisant pour l’humanité, qui est particulier à l’impérialat. et que les royautés, même les moins raisonnables, ne connaissent point.