Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je vois encore, avec ses taches de rousseur et ses yeux gris, bons et tristes, une humble ouvrière, un de ces êtres souffreteux, mal vêtus, battus par le mari, mangeant à peine pour donner leur part aux enfants. De quel accent plein d’angoisse elle disait : « On a abandonné le trésor de l’armée : quel malheur ! Savez-vous au moins si l’on a sauvé les drapeaux ? »

Le trésor de l’armée ? Qu’est-ce que cela pouvait lui faire à cette pauvre femme, qui avait peut-être quarante sous dans son porte-monnaie crasseux pour passer la semaine ? et notre cœur se serrait, malgré tout, lorsqu’elle nous répétait : « Savez-vous si l’on a sauvé les drapeaux ? »

Les drapeaux ! Ce qu’on appelle la haute société s’en moquait pas mal. Une véritable fièvre de fête et de bals coïncida avec la nouvelle des malheurs qui frappaient la Patrie.

Tous les financiers accourent chez Gaillard, qui trouvait l’instant opportun pour donner un bal masqué dans un hôtel qu’il avait eu la pensée bizarre de faire construire sur le plan même du château de Blois.

Les Juifs ouvrent leurs salons à deux battants. Grand bal chez la baronne de Hirsch, qui, pour célébrer sans doute la victoire des Célestes, a placé une guirlande de laurier dans ses cheveux.

« La duchesse de Bisaccia est en toilette de brocart ramage d’or et d’argent. Duchesse de Maillé en lampas Renaissance.

« Mme Henry Schneider : ravissante toilette Empire en crêpe blanc à longue ceinture de rubans coquelicot.

« Mme Salomon Goldscmidt : robe de lampas lilas, le devant tout brodé de perles fines, avec de grands revers et corsage de velours violine. »