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Cette équipée, qui ne fut que ridicule, aurait pu être dangereuse, si l’Allemagne, pour des raisons que nous avons déduites, n’avait pas été résolue à la paix ; si Paris, devinant d’instinct, sans savoir au juste la vérité, les spéculations cachées là-dessous, ne fût resté profondément indifférent.

L’Allemagne n’eut point seulement du bon sens, elle eut de l’esprit, ce qui est assez rare chez elle. Maîtresse des municipalités pleines de Juifs d’outre-Rhin, qui, ainsi que nous l’avons dit, se donnent pour Alsaciens, elle fit organiser, quelques jours après la démonstration Déroulède, un grand banquet pour célébrer l’anniversaire de Sedan.

Supposez que Déroulède, au lieu d’être un poseur et un fanfaron de patriotisme, eût eu vraiment au cœur les sentiments d’un patriote, l’amour profond et sincère de son pays, quelle belle occasion s’offrait à lui d’intervenir, de rappeler à la pudeur ces banqueteurs éhontés ! Imaginez un orateur à la parole ardente et chaude, allant trouver des ouvriers, des bourgeois, d’anciens soldats, et leur disant : « Souffrirez-vous que. l’on commémore par des ripailles un semblable anniversaire ? que l’on choisisse, pour s’enivrer, le jour où la France a été si douloureusement frappée ? »

Ces hommes auraient compris. On se serait rué sur les noceurs, on aurait renversé les nappes, Floquet aurait achevé sa digestion dans l’égout, et, secoué par la tourmente, l’adjoint Winckam, l’expulseur des Sœurs de Charité, un nom bien français encore celui-là, par parenthèse, aurait cassé tous ses bandages.

Tandis que le Mayer de la Société de gymnastique allemande insultait ou n’insultait pas, on n’a jamais su au juste la vérité ; que le Mayer de la Ligue des Patriotes s’indignait ; qu’un troisième Meyer, le Meyer du