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incapable, j’en suis convaincu, d’avoir reçu quoi que ce soit pour jouer le rôle de l’agent provocateur. C’est simplement un type bien actuel, l’homme affolé de réclames, ayant le besoin d’être toujours en scène. Il s’est fait une sorte de profession de son bruyant patriotisme ; c’est dans ce rôle que le Paris des premières est habitué à le voir, et il ne peut plus dépouiller ce personnage. Il est patriote à la ville, à la campagne, le matin, le soir, aux Variétés et aux Bouffes. Au Salon, à côté de vieux soldats qui ont vingt campagnes, dix blessures, il se fait peindre par Neuville, la capote enroulée autour du corps, portant dans des étuis de cuir toutes sortes d’instruments, des cartouches, des lorgnettes, un revolver.

Sans doute, si l’on pouvait enfermer deux ou trois heures ce vaniteux dangereux, s’il pouvait se recueillir dans cet isolement qui pèse à ces natures comme le silence du tombeau, il serait effrayé lui-même du danger qu’il a fait courir à son pays ; il écouterait celui qui lui dirait : « Voyons, vous êtes un Français, un Chrétien ; et, pour procurer une affaire aux Juifs, vous allez faire tuer des milliers d’êtres qui ont des mères, des femmes, des enfants. Vous savez que rien n’est prêt, que les concussionnaires et les malversateurs de la Chambre ont gaspillé les milliards que nous avions fournis pour la réorganisation de l’armée. Laisant, un homme de votre parti, vous a prouvé que l’effectif de nos régiments était ridicule ; vous avez vu Farre à l’œuvre, même dans une affaire où toute la Juiverie était intéressée : restez tranquille ; n’associez pas votre nom à la ruine de votre pays. »

Malheureusement, Déroulède n’avait probablement jamais trouvé personne pour lui parler ainsi, lorsqu’il entreprit sa campagne de la rue Saint-Marc.