Page:Drumont - La France Juive édition populaire, Palmé 1885.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment par un Juif, fùt-il baptisé, ne leur dît rien, soit qu’ils fussent contents du roi Georges, les Grecs ne montrèrent aucun enthousiasme pour les droits du prince Ypsilanti, et le baron mourut sans avoir réalisé son rêve. Mais la famille hérita de l’idée. Gambetta eut l’adresse de persuader aux Sina qu’il ne demandait pas mieux que d’appuyer la candidature du prince Ypsilanti au trône de Grèce ; et ceux-ci, de leur côté, firent tout ce qu’ils purent pour empêcher Mac-Mahon, qui chaque année allait chasser chez eux, de s’opposer sérieusement à l’établissement d’une République juive en France.

Les innombrables négociations à propos de Dulcigno, les commerces bizarres avec les Kohkinos et les Tricoupis, n’ont pas eu d’autres raisons d’être.


V


Le grand malheur de la France, alors, fut de ne pas trouver, pour se mettre à la tête de la politique, de vrais représentants du sol, de tomber dans les mains de cette noblesse particulière très modernisée, très avide d’argent, très mêlée aux spéculations de Bourse, et par conséquent très enjuivée.

Le seul qui fût au-dessus de ces préoccupations et qui eût une valeur morale incontestable, le duc de Broglie, fut constamment trompé par Léon Say.

La France put cependant avoir un moment l’ombre d’une espérance : elle avait trouvé un auxiliaire inattendu dans un Prussien aussi admirablement organisé, peut-être, pour la politique que le prince de Bismark, mais moins viril que lui, affaibli et usé jusque dans les moelles par la passion qu’il eut toujours pour l’essence féminine, le Weibliches wesen dont parle Gœthe.