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IV


Bismark n’avait rien à refuser à ceux qui l’avaient commandité pour la guerre ; Thiers était à genoux devant ceux qui donnaient comme une apparence de gloire financière à un pays écrasé sous toutes les hontes de la défaite.

Le roi du moment, ce fut le Bleichrœder.

Une étude fort remarquable, publiée dans la Revue du monde catholique et signée Hermann Kuntz, suffit à nous donner présentement l’essentiel pour le portrait et le rôle du personnage.


M. Bleichrœder, dit M. Kuntz, a eu la plus grande part dans toutes les affaires financières et d’agiotage de la France nouvelle, de 1866 à 1870. Lorsque Paris dut payer sa rançon, Bismark en appela aux lumières de M. Bleichrœder. Il le fit venir à Versailles pour vérifier les fonds avancés par son associé et ami intime, M. de Rothschild, dont la femme jouait l’irascible patriote au point que le pauvre ambassadeur d’Allemagne, comte Harry d’Arnim, crut nécessaire de s’en plaindre peu diplomatiquement. M. Bleichrœder reçut la croix de fer et fut gratifié de la particule, en récompense de cet éminent service. Sa fortune est devenue immense, et ne le cède en rien à celle d’un Rothschild[1].

  1. N’oublions pas cependant que, si l’Allemagne consent à se servir du Juif comme instrument et à le récompenser au besoin, elle le tient absolument à l’écart de tout ce qui touche à l’honneur et à la dignité du pays. Quand le fils de ce Bleichrœder, qui s’était faufilé, on ne sait comment, dans le corps d’officiers des hussards de la garde, se présenta devant ses camarades, une huée énorme s’éleva, on lui cracha à la figure, et il dut s’enfuir précipitamment. Jamais les officiers allemands, qui ont encore quelques traditions des anciens Chevaliers Teutoniques, n’admettront qu’on puisse confier un drapeau à un homme qui est prêt à le vendre pour de l’argent, puisqu’il met l’argent au-dessus de tout.