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Pourquoi la Royauté française, si chétive dans cette Ile-de-France qui fut son berceau, a-t-elle si vite et si prodigieusement grandi ? C’est que les premiers Capétiens furent, avant tout, des hommes de droiture et de justice. Quelle est l’image de roi restée la plus vivace et la plus populaire ? est-ce celle de tant de monarques menant de hardies chevauchées et s’élançant au plus épais des rangs ennemis ? Non, c’est l’image d’un justicier assis sous un chêne. Plus que le souvenir du pont de Taillebourg défendu par un homme seul contre toute une armée, le souvenir de ces assises rustiques, où chacun, sans intermédiaire, pouvait faire reconnaître directement son droit par celui qui avait la force, est demeuré gravé dans les âmes.

Pourquoi, après une si longue éclipse de la Royauté, alors que depuis de longues années le parti légitimiste n’était plus qu’un brillant état-major sans soldats, le pays appelait-il librement, spontanément, des représentants du principe monarchique ? C’est parce que la Monarchie, toujours tendre aux petits, avait su, à l’occasion, être sévère aux forts.

C’était pour faire justice que le pays, dans son intérêt, avait eu recours aux hommes de la tradition, aux députés du sol, à des hommes dont les familles, la vie ordinaire, le caractère, étaient connus de tous et inspiraient confiance, en des temps troublés, à ceux-là même qui, dans les temps ordinaires, leur eussent préféré des bateleurs et des charlatans.

Il manqua à cette époque un homme animé de ce noble amour de la justice, un homme au cœur élevé, à l’âme grande, doux aux égarés, terrible aux pervers qui avaient vendu de sang-froid leur pays, un homme qui prît la direction du parti monarchique et demandât avant tout le châtiment d’un aventurier comme Gam-