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pour lui un certain don de flairer l’aventurier cosmopolite, il le devine d’instinct ; il aperçoit le point noir chez les êtres de cette nature, non point à un défaut dans les manières, qui quelquefois sont correctes, mais à un certain manque de culture intellectuelle. Le système d’éducation des jésuites, en outre, leurs exercices de logique forment des hommes capables de réfléchir, de ne pas se laisser prendre aux mots.

A tous ces points de vue, cet adversaire, très mêlé aux affaires du monde sans ressentir aucune des passions de la terre, était gênant : l’habileté suprême des francs-maçons fut de l’éloigner du théâtre sur lequel ils allaient agir.

Le succès obtenu par des hommes comme le comte de Saint-Germain et Cagliostro n’a rien qui étonne, lorsque, sans subir l’impression de ce qui est lointain, on juge ces faits par ce qui se passe sous nos yeux. Il n’est point nécessaire, pour comprendre, de se livrer à de grandes considérations historiques ; il suffit de rapprocher le présent du passé.

L’espèce de fascination exercée par l’étranger a toujours été la même. Il y a des milliers de Français natifs, très considérés et très honnêtes, qui n’entreront jamais dans les grands cercles, lesquels s’ouvriront à deux battants devant les spéculateurs juifs, des négriers, des aventuriers, des rastaquouères de tous les pays.

Ce qui est certain, c’est que la société française accueillait à bras ouverts le fils d’un Juif alsacien nommé Wolf, qui se faisait appeler le comte de Saint-Germain. Il eut un rôle dans toutes les intrigues diplomatiques de son temps, il fut initié à tous les secrets d’État ; et dans ces salons sceptiques il ne trouva pas un contradicteur, lorsque ce Juif errant de cour affir-