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ciers, les citoyens, d’assister à des obsèques religieuses, en prétendant qu’il s’agit d’une manifestation cléricale. Ce sera la troisième étape.

Après cette étape, il surgit généralement, dans les pays qui ne sont pas tombés complètement en pourriture, un homme énergique qui, armé d’un vigoureux balai, met tous ces gens-là dehors.

A vrai dire, les Portugais étaient un peu victimes de leurs coreligionnaires. Les Gradis, les Fernandez, les Silva, les Laneyra, les Ferreyra, les Pereire et Cie, dont le chef Joseph Nunz Pereire se qualifiait de vicomte de la Menaude et de baron d’Ambès dès 1720, étaient à la tête de maisons de banque ou de commerce qui rendaient certains services. Malheureusement, voyant la ville ouverte, une nuée de Juifs avignonais et allemands s’était ruée sur Bordeaux. La tribu de Juda, à laquelle appartenaient les Portugais, était compromise par la tribu de Benjamin, qui s’était vouée avec ardeur à la négociation des vieux habits et des vieux galons, et qui n’apportait pas toujours dans ce trafic toute l’honnêteté désirable.

Malgré la résistance opposée par les Dalpuget, les Astruc, les Vidal, les Lange, lea Petit, Juifs avignonais qui prétendaient exercer un commerce sérieux, un arrêt du conseil, du 21 janvier 1734, signé Chauvelin, ordonna l’expulsion définitive sans aucun délai de « tous les Juifs avignonais, tudesques ou allemands qui sont établis à Bordeaux ou dans d’autes lieux de la province de Guyenne ».

Grâce à cette mesure, les Juifs portugais purent rester à peu près tranquilles à Bordeaux jusqu’à la Révolution.