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aucune tentation vile, à aucun désir de se mettre bien avec les prétendus libres penseurs aujourd’hui au pouvoir, et dont il a souvent parlé avec un mépris hautain ; mais il n’a pu faire le pas décisif : il était aveugle-né, et il est resté aveugle.

Qu’elle sera curieuse à étudier plus tard dans le grand écrivain, cette sorte de fatalité de race à laquelle il n’a jamais pu se soustraire !


III


Les Juifs portugais n’avaient jamais été admis en France comme Juifs, mais comme nouveaux chrétiens.

Ils protestaient avec énergie toutes les fois qu’on les traitait de Juifs.

Ils se conformaient scrupuleusement à toutes les pratiques extérieures de la religion catholique : leurs naissances, leurs mariages, leurs décès, étaient inscrits sur les registres de l’Église ; leurs contrats étaient précédés des mots : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »

Après avoir vécu près de cent cinquante ans ainsi, les Juifs étaient restés aussi fidèles à leurs croyances que le jour de leur arrivée. Dès que l’occasion fut favorable, en 1686, suivant Benjamin Francia, ils retournèrent ouvertement au judaïsme, ils cessèrent de faire présenter leurs enfants au baptême et de faire bénir leur mariage par des prêtres catholiques.

Des Juifs même dont les familles, depuis deux cents ans, pratiquaient officiellement le catholicisme en Espagne, passèrent la frontière, et vinrent se faire circoncire et remarier selon le rite israélite, à Bordeaux, dès que des rabbins y furent installés.