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ce qui se passe, non seulement dans le monde des faits, mais dans le monde des idées, sont très vivement préoccupés du mouvement antisémitique qui se dessine dans toute l’Europe. On ne saurait croire la fureur dans laquelle les a plongés la création à Paris d’un petit journal très vaillant, très moderne, très au fait des tripotages financiers, l’Anti-Sémitique, qui reparaissait toujours quand on le croyait disparu.

Bref, les Juifs ont le sentiment confus de ce qui les attend. De 1870 à 1880, ils ont traversé une période d’orgueil délirant. « Quel bonheur d’être nés à une pareille époque ! s’écriait le Juif Wolf, dans la National-Zeitung, alors que, sur les bords de la Sprée, les Lasker, les Bleichrœder, les Plansemann, dépouillaient de leurs milliards les Prussiens grisés par les lauriers ! »

— « Quel bonheur ! » leur répondaient de France la bande de cosmopolites, en voyant que les places, l’argent, les hôtels, les attelages princiers, les chasses, les loges à l’Opéra, tout était à eux, et que le bon peuple se contentait d’un discours bien senti sur les nouvelles couches.

Aujourd’hui, ils ont un peu baissé le ton : ils sentent que quelque chose se concerte entre les chrétiens de tous les pays, qui pourrait être plus fort que l’Alliance israélite universelle.

Dans son essence même, le Juif est triste. Enrichi, il devient insolent en restant lugubre ; il a l’arrogance morose, tristis arrogantia, du Pallas de Tacite.

L’hypocondrie, qui n’est qu’une des formes de la névrose, est le seul cadeau qu’ils aient fait à cette France jadis si rieuse, si folâtre, si épanouie dans sa robuste et saine gaieté.

C’est une erreur de croire que le Juif s’amuse avec les siens, une erreur même de croire qu’il les aime.