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Sans doute, les Juifs sont plus fidèles qu’on ne le croit à leurs pratiques religieuses. Tel écrivain qui, dans une feuille républicaine, vient d’écrire un violent article pour arracher aux déshérités cette foi qui console de tout, qui vient de railler grossièrement nos sacrements, notre carême, nos enfants conduits à leur première communion, court à la synagogue pour y remplir ses devoirs.

Si les Juifs de Roumanie entretiennent à grands frais, à Sada-Gora, la famille d’Isrolzka, la famille sacrée d’où doit naître le Messie ; si les Juifs de Pologne laissent leur fenêtre ouverte quand il tonne pour qu’il puisse entrer, les Juifs civilisés ne croient plus à la venue du Rédempteur ; ils n’admettent plus que ce qu’ils nomment le Messie mystique, ou plutôt le Messie, le futur roi du monde, c’est-à-dire, Israël.

Michel Weil, grand rabbin, dit expressément que les prophéties n’ont jamais fait mention ni d’un descendant de David, ni d’un roi Messie, ni même d’un Messie personnel. Le véritable Rédempteur, selon lui, serait, « non plus une personnalité, mais Israël transformé en phare des nations, élevé aux nobles fonctions de précepteur de l’humanité, qu’il instruira par ses livres comme par son histoire, par la constance dans ses épreuves non moins que par la fidélité à la doctrine. »

Je ne relèverai pas une fois de plus ce qu’a d’impudemment orgueilleux la prétention de cette bande de manieurs d’écus d’être le phare de nations qui ont eu Charlemagne, saint Louis, Charles-Quint, Michel-Ange, les plus grands saints, les plus puissants penseurs, les plus hauts génies, les sociétés les plus admirablement organisées. Il y a évidemment là une véritable démence collective. Ces succès, en tout cas, n’ont pas procuré à Israël le bonheur de l’âme.