Page:Drouhet - Le Poète François Mainard, Champion.djvu/512

Cette page n’a pas encore été corrigée
500
LE POÈTE FR. MAINARD

xviie siècle, Marot, Belleau, Bertaut et surtout Desportes, Fauteur tant décrié, avaient divisé leurs sixains en deux tercets 1. Néanmoins ce fut Mainard qui appela l’attention de son maître sur ce repos, si naturel et si nécessaire dans la strophe de six vers, ce fut lui qui érigea en règle ce qui n’était qu’un accident heureux dans l’œuvre de ses devanciers.

Mainard ajouta bientôt un corollaire à ce principe métrique. Puisque la strophe de dix vers résulte de l’assemblage d’un quatrain et d’un dixain 2, il en faut distinguer les parties par des pauses placées après le quatrième et le septième vers. Ce que Mainard réclamait, ne constituait pas d’ailleurs une innovation ; notre auteur ne faisait que reprendre la coupe ordinaire du dixain de Marot’.

Racan qui s’était rendu à la première de ces exigences, parce qu’il jouait du luth, et qu’il avait remarqué que les musiciens ne pouvaient chanter les stances de six vers sans faire une reprise au troisième, se refusa à suivre son maître et son collègue dans l’application de la seconde de ces règles métriques. Il prétendit que les stances de dix n’étant pas destinées au chant, le repos à la fin du quatrième vers suffisait, qu’enfin, dût-on les chanter, le besoin ne se serait pas fait sentir d’une autre pause que celle-ci’. Enfin quand on voulut le contraindre à couper de quatre en quatre vers sa Pastorale, écrite en alexandrins en rimes suivies, il se fâcha tout à fait 5. — Quoi donc, s’écria-t-il, en faisant chorus avec Mademoiselle

. Cf. Quicherat, Traité de versification française (Paris, 1850, pp. 558 et 568) cité par Livet dans son édition de Yllist. de l’Académie française de Pellisson, t. I, p. 206, note.

. La coupe de la strophe de dix en 54-5 n’est pas usitée par Malherbe ni par Mainard, bien que la Pléiade l’eût employée.

. Il y a une seule note fausse dans l’harmonie si précise des vers de Mainard. Notre poète, comme l’a remarqué M. Faguet {Revue des cours el conférences, 6 déc. 1894), fait un contresens en arrêtant ses strophes et même ses pièces sur une rime féminine. Or, à la réserve de deux ou trois sonnets, excepté aussi son ode à M. de la darde et quelques pièces de stances, Malherbe finit toujours ses poésies et même ses strophes par des rimes masculines parce que, dit Ménage « elles ferment mieux la période ». (Souriau, Evolut. du vers fr. au XVIIe siècle, p. 103).

. Racan, Vie de Malherbe, éd. c., pp. 282-283.

. Cf. lettre de Tvacan à Chapelain au sujet de la poésie héroïque, 25 octobre 1654, éd. c., t. I, p. 353, et sa lettre à Ménage sur la poésie dramatique, 17 octobre 1654, ibid., p. 356.