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L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

une milice féodale, les Mameluks, était la proie de ces mercenaires belliqueux, peut-être eussent-ils préféré se laisser éternellement fouler par des maîtres ignorants, brutaux, et avides, plutôt que de prendre les armes pour former une armée nationale. »

Si, à ces motifs de répugnance, on ajoute l’arbitraire et la violence avec laquelle se fit, dès le début, le recrutement ; si on se souvient du peu de soin de Méhémet-Ali et de ses officiers pour le bien-être et même pour la vie du soldat ; si on calcule ce que dut coûter d’hommes cette longue période de guerres, et ce que durent amener de déplacements tant de conquêtes lointaines ; si enfin ou tient compte des rigueurs nécessitées par les désertions des premiers contingents[1], on est en droit de s’étonner de la bravoure et de la discipline de troupes composées ainsi par force et on se demande ce que pourra l’armée égyptienne maintenant qu’elle se recrute au sein d’une

  1. Pour éviter ces désertions on chargeait les recrues de liens et d’entraves et c’était sous bonne escorte et en véritables prisonniers qu’on les envoyait rejoindre leurs drapeaux le plus loin possible de leurs foyers, afin de les dépayser plus complètement.