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L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

Ce fut, disent les historiens, un vrai prince de l’ancien Orient ; un despote au cœur trop peu énergique pour avoir fait beaucoup de mal, à l’esprit trop rétrograde pour avoir fait aucun bien.

L’œuvre de Méhémet-Ali resta stationnaire sous le règne de son petit-fils, et si elle ne périt pas, il faut l’attribuer moins encore à la puissante impulsion qu’elle avait reçue qu’à la faiblesse d’Abbas-Pacha qui n’osant point rompre avec les États européens, se vit contraint de subir en une foule de circonstances l’heureuse pression des représentants de ces États.

    mée, exercer dans le pays insurgé des représailles impitoyables. On ne saurait comparer le passage de ce général dans le Sennaar qu’à une invasion de ces barbares qui, à certaines époques de l’histoire, se sont rués sur l’Europe civilisée, et n’y ont laissé qu’un sol fumant, des cadavres et des ruines. Ici les envahisseurs étaient les civilisés et les envahis étaient les barbares. Mais les premiers agirent comme autrefois les bandes d’Attila : aucun fléau, aucune trombe, aucun tremblement de terre, aucune inondation n’auraient exercé de tels ravages. Tout fut brûlé, tout fut détruit ; bon nombre d’habitants périrent dans des supplices raffinés ; beaucoup furent vendus comme esclaves et beaucoup s’enfuirent. Le pays n’a jamais pu se remettre de cette terrible exécution… »

    Paul Merruau. — L’Égypte contemporaine.