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L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

Méhémet-Ali sembla vouloir rompre avec la civilisation occidentale à laquelle il s’était montré favorable jusqu’alors ; « il laissa tomber une à une les institutions qu’il lui avait empruntées, » et ne s’occupa plus qu’à consolider son gouvernement. Il mourut en 1841.

    par un coup d’éclat, d’une tyrannie devenue insupportable.

    « Le complot, qui fut celui de tout un peuple, resta secret, et Ismaïl-Pacha confiant dans sa force et sa supériorité, ne soupçonna même pas l’orage qui allait bientôt fondre sur sa tête.

    « Il poursuivit sans relâche son système d’exactions, et ne prit aucune précaution contre une race qu’il méprisait ; aussi favorisa-t-il par cette insouciance le succès de la conspiration.

    « Un jour, il partit avec une assez faible escorte pour aller, à quelques journées au sud de Sennaar, lever des contributions dans un district déjà ruiné par le payement d’impôts antérieurs. À peine y eût-il assis son camp qu’il fit venir les chefs du pays et leur intima l’ordre de lui fournir dans un très-court délai, mille mesures de blé, mille charges de bois, mille chameaux, mille chevaux et d’autres produits calculés par mille, sans égard pour la nature ou l’étendue des ressources de la population.

    « Les habitants, l’eussent-ils voulu, n’auraient pas pu sans doute exécuter strictement cet ordre peu raisonnable. Ils prirent donc conseil d’une situation véritablement désespérée.

    « Le soir de ce jour, Ismaïl-Pacha se trouvait dans sa tente avec les officiers qui l’avaient accompagné, lorsque les habitants furent aperçus venant à la file déposer au-