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L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

puis 1760, c’est-à-dire depuis l’avènement au pouvoir d’Ali-bey, l’objet de vexations particulières.

Voici ce qui s’était passé.

Tant que les pachas possédèrent en Égypte un semblant d’autorité, les beys et les corps de milice vécurent dans une union apparente. Mais lorsque le pacha eut perdu jusqu’au dernier rayonnement de ce prestige qui avait suppléé aux yeux des foules à l’autorité réelle, la discorde se mit entre eux. Ils se disputèrent le pouvoir ; les beys triomphèrent enfin, et l’un d’eux ayant rallié les autres sous son autorité, se déclara indépendant de la Porte à laquelle il résista les armes à la main, et se fit nommer par le chérif de la Mecque, sultan d’Égypte.

C’était Ali-bey, musulman fanatique et par suite ennemi de tout ce qui portait le nom chrétien. Ali-bey, comme les orientaux au temps des croisades, faisait-il du royaume de France la personnification du grand principe chrétien ! Toujours est-il qu’il avait voué à notre nation une haine particulière, haine qui se manifestait non-seulement dans la manière hautaine et extravagante dont, à plusieurs reprises, il traita nos consuls, mais encore dans sa conduite envers notre pavillon et nos nationaux.